antonio mirabile

NOUVEAU RÉALISME : AFFICHES LACÉRÉES

Déchiré, gratté, percé, le papier est, de manière significative à partir de la fin des années 1950, l’objet de nombreuses interventions des artistes. Si les papiers déchirés de Hans Arp peuvent être considérés comme précurseurs, il est remarquable d’observer comment les artistes de la seconde moitié du vingtième siècle ont fait de la maltraitance du support le point d’ancrage d’un rapport au médium. Les œuvres d’artistes aussi variés que César, Arman, Hains, Fontana, Artaud , Duchamp, passim, l’attestent, dans leur différence même.

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tags : restauration montage nanotechnologie désacidification
Antonio Mirabile

Villelglé, Rotella, Hains

Les raisons de ces maltraitements sont différentes. Un artiste comme Fontana, qui à partir des années cinquante, va inaugurer une traversée du miroir ou lever de voile de Maya, celui des apparences, pour le dire à la manière de Schopenahauer, en trouant la surface pour créer des concepts spaciaux suggérant l'espace libre. D'un autre côté, il y a la maltraitance d'un support ou d'une image pour créer une nouvelle représentation. C'est le cas des arracheurs d'affiches du Nouveaux Réalisme où des artistes comme Raymond Hains, Jacques Villeglé ou Mimmo Rotella choisissent des affiches  lacérées par les passants, abimées par le vent,  par la pluie ou eux même, en tant que choix purement plastique. Ils rapprochent des images, des alplats de couelurs et des mots comme une sorte de coïncidence  et de rencontre typo-topographique.

Antonio Mirabile

Raymond Hains

Avant et après restauration, détail

Ils dévoilent des images sédimentées et des tâches de couleurs qui créent une nouvelle relation avec la ville de cette période qui, tentaculaire, est dominée par la nouvelle économie et la culture de la communication.

Ces œuvres présentent des tracés artistiques qui peuvent être comparés avec les dégradations acidentelles du support papier. C'est le nœud du problème : comment comprendre où s'arrête la dégradation voulue ou délibéreé et où commence l'endommagement accidentel ? Serait-il préférable de consolider les fragments de papier totalement détachès ou de les laisser tomber ? Des éléments de réponse à ces questions requiérent une connaissance approfondie du travail de l'artiste et une parfaite documentation de l'état de conservation avant traitement.

Antonio Mirabile

Raymond Hains

Avant et après restauration, détail

La consultation d'images d'archive de l'artiste ou de son entourage (galeriste, famille, collectonneur ou collaborateur), semble s'imposer en tant qu'élément fondamental et logique à la correcte lecture de l'œuvre. Ce moment de recherche et d'étude permet d'identifier d'éventuels altérations passées ou d'arrêter un état de conservation de référence qui permet l'identification les dégradations futures.

À ce jour, les traitements de conservation récurrents semblent être :  nettoyage superficiel, consolidation, désacidification du support  à l'aide de nanoparticules alcalines dans un solvent à baisse polarité et montage approprié.